Clones à Jonsy

Publié le par Le larvaire

Certains se plaignent de ne pas bénéficier de la joie d’avoir une grande famille.
Ce n’est pas sur cette idée que nous nous sommes rendus, mon frère et moi, à la fête organisée en l’honneur des noces de diamants de nos grands-parents.
Je ne vois pas souvent mon frère. Les affrontements fratricides de l’adolescence n’ont laissé pour toute trace de cendres fertiles que l’urne de notre père.
Ni mon frère ni moi n’avions l’intention de pérenniser le nom de notre filière. Nous étions la branche stérile et cela seyait à notre cynisme. Nos cousins ne l’entendaient pas ainsi, et les enfants blonds se clonaient à Jonsy comme dans le plus sombre des romans de George Orwell : il y en avait deux nouveaux chaque année- des filles essentiellement- et leurs blondeurs associées à leurs prénoms ridicules ne suffisaient pas à les stigmatiser. J’aurai tout le temps de les apprendre à leur adolescence, quand je serai devenu l’oncle sordide et cultivé chez lequel on fugue pour échapper à la beauferie des parents.
 
Voilà ce que c’est de baiser entre cousins. " fut la conclusion de notre étude sur les tares dont nos corps étaient les probables vecteurs.
 

Publié dans l'ectopique

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